mardi 15 novembre 2011

La médiocrité de la vie

C’est vrai qu’en tant que le stagiaire formateur on est censé transmettre un savoir à nos apprenants. Mais dans mon cas, la flèche va dans les deux sens ; parce que franchement, au bout de deux mois de stage à la Fraternité, j’ai moi-même appris.  J’ai appris à dire « Hamdouleh » (merci Dieu) comme le disent tous mes stagiaires!! Ce terme dépend aussi de ma culture d’origine mais, je ne l’utilise pas souvent à cause d’un manque de contentement de ma part. Autrefois, je me plaignais pour la moindre des chose : pourquoi ça et non pas cela ? Pourquoi celle-ci et non pas celle là ?...mais là, j’ai appris le contentement et la satisfaction de ce que je suis : même si mon loyer n’est pas aussi luxueux, je suis mieux que Larbi qui a échappé d’un accident mortel a cause du plafond de sa maison qui est tomber à 3h du matin suite aux journées pluvieuse qu’a vécu Marseille ces derniers jours. Il s’est retrouvé avec sa famille dans la rue. Mais pourtant il vient toujours au cours. Je suis mieux que Belaziz, qui vit au foyer auquel il doit se rendre avant 15h30 (le moment le plus agréable de la journée) si non il risque de passer la nuit sur le trottoir. Et en plus, il s’est fait « obligatoirement » opéré des amygdale car au foyer on risque de le refouler parce qu’il ronfle beaucoup. Et pourtant il vient chaque matin plein de volonté et d’enthousiasme, malgré la faiblesse physique, dans l’espérance qu’un jour il serait mieux. Chaque jour, je me retrouve avec un tas d’histoire pareille. Ces derniers, ont su changer ma vision envers l’apprentissage du français. La question que je me pose : dans un contexte aussi pénible ; faut-il se concentrer davantage sur une formation linguistique visant la perfection rapide de la langue cible, ou se servir de ce moment d’apprentissage comme un lieu de distraction en proposant aux apprenants plutôt des activités ludiques qui visent implicitement l’acquisition d’un savoir et explicitement et en grande partie la détente et le relâchement. Sincèrement, j’ai du mal à jongler entre les deux. Mais je vous cache pas que mon vrai moment de gloire est quand j’observe Belaziz et ses camarades rigoler plus que quand ils lisent « parfaitement » un mot ou une phrase. Reste à vérifier….   

5 commentaires:

  1. ce que tu écris me rappelle d'une certaine manière mon expérience en prison. c'est vrai que dans ces cas-là plus que dans les autres le cours de français peut être bien plus que de la transmission de savoir, une échappatoire au quotidien. et le fait qu'ils continuent à venir malgré leurs problèmes prouve que ça leur apporte beaucoup. continue à les faire rire, et à leur apprendre à lire et comprendre le français parfaitement :)

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  2. merci beaucoup Fanny pour ce commentaire rassurant!! Je trouve très intéressent le faite qu'on partage la même expérience!!!

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  3. oui enfin, qu'on ait partagé.. parce que là les préoccupations de mes élèves c'est plutôt "où est-ce que je vais aller pour les prochaines vacances, à new york ou à paris? et quand est-ce que papa va m'acheter une nouvelle voiture, ma bmw a déjà deux ans!" :)

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  4. Coucou Rosa! Ta réflexion est très pertinente... Certains apprenants peuvent venir apprendre le français pour la langue en elle-même, mais d'autres peuvent venir pour oublier leurs tracas et problèmes quotidiens. A nous d'essayer de s'adapter! Bonne continuation!

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  5. faut-il choisir ? une approche expérientielle (nos fameux projets) vise justement à apprendre ensemble en s'entraidant et en réalisant des projets qui impliquent agréablement et qui peuvent également être utiles. Nous opposons toujours jeu et sérieux, savoirs et plaisir.

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